Interview d'un ancien de l'IUT : Tristan Voillequin, responsable commercial secteur Amériques

Interview d'un ancien de l'IUT : Tristan Voillequin, responsable commercial secteur Amériques

Bonjour Tristan, peux-tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours académique ? Plutôt bon élève ou dernier rang ?

A l’IUT, je n’étais pas bon élève. Surtout pas dans les matières scientifiques. J’ai toujours eu du mal en Mathématiques – j’ai eu 5/20 au bac (Scientifique). Et j’avais donc aussi du mal dans les matières utilisant les mathématiques. Mes notes étaient meilleures dans les matières dites technologiques notamment en conception mécanique et étonnamment en productique (je n’aimais pas cette matière).

Cependant, les matières technologiques ne compensaient pas totalement celles scientifiques et j’étais donc plutôt classé dans la moyenne basse de la promotion. Le diplôme DUT GMP nous préparait à rejoindre des écoles d’ingénieurs (60% de la promo continuait dans cette voie). Pour ma part, l’école d’ingénieur ne m’intéressait pas du tout et je n’avais de toute façon pas le niveau.

Lors d’un échange avec d’anciens diplômés, le parcours d’un ancien élève m’a frappé. Après son DUT, il est parti étudier une année en Irlande dans le cadre du diplôme DUETI. J’ai trouvé ça très intéressant pour deux raisons. Premièrement, je me suis rendu compte que le niveau d’anglais de mes camarades était globalement bas (je n’avais pas de mauvaises notes mais j’étais bien incapable de faire une phrase correcte). Deuxièmement, j’avais envie de découvrir un autre pays que le mien, de partir voir si l’herbe était plus verte ailleurs (en Irlande, elle l’est, au sens premier de l’expression).

J’ai candidaté pour le DUETI, peu d’étudiants s’y risquaient, ma place était quasi-assurée. Cette année en Irlande a été très particulière. J’ai choisi une colocation où, parmi les dix étudiants, j’étais le seul Français. Mon niveau d’Anglais a très rapidement progressé et en deux mois, j’avais acquis de solides bases dans cette langue. Au bout de neuf mois, je savais tenir une conversation complexe sur la durée.

Cependant, scolairement, cette année a été catastrophique. Je me suis effondré psychologiquement et j’ai complètement décroché. Le niveau des cours n’était pas très élevé comparativement aux cours en France, notamment en Mathématiques où les élèves Irlandais apprenait des cours que j’avais étudié en 1ère , je me suis donc retrouvé dans les premiers de la classe ! La vie est pleine de surprises !

Je n’ai malheureusement pas été très assidu et j’ai échoué au diplôme.

En revenant en France, je n’ai pas souhaité m’arrêter sur un échec et j’ai décidé de continuer en licence professionnelle en alternance dans un domaine qui m’intéressait beaucoup : la conception mécanique. C’est à ce moment que j’ai réalisé l’impact qu’aurait mon année en Irlande sur ma vie professionnelle.

J’ai candidaté dans deux écoles, Valenciennes et Annecy. Les deux universités m’acceptaient. J’ai choisi Annecy.

Il me restait plus qu’à trouver une entreprise pour effectuer mon alternance. En réalité, on s’en est chargé pour moi. Le responsable de la formation a envoyé mon CV à deux entreprises qui cherchaient un profil comme le mien, parlant Anglais. Après entretien, j’étais accepté par les deux entreprises. J’ai choisi celle qui fabriquait des pompes centrifuges pour les centrales nucléaires et pétrolières. Domaine très intéressant mais plutôt en bout de souffle (en 2015).

Cette année scolaire, la dernière pour moi, a été très fructueuse. Sachant que j’allais entrer dans le monde du travail après le diplôme, je me suis mis à travailler (sérieusement cette fois) pour apprendre le maximum de choses. Les notes ont suivi, j’ai fini sixième de promotion sur quarante étudiants. L’alternance école/entreprise était très intéressante autant pour moi que pour mes futurs employeurs.

Malgré quelques propositions d’embauche sur Annecy, ma compagne et moi avons préféré nous rapprocher de nos familles respectives. C’est elle qui a trouvé en premier et dans l’Yonne, on a donc déménagé dans ce département.

 

Et du coup, comment es-tu devenu responsable commercial ? Quelles étapes t’ont permis d’arriver là ?

En arrivant dans l’Yonne, je me suis inscrit à pôle-emploi autant pour toucher les indemnités que pour trouver un emploi. Je ne connaissais personne donc impossible d’être pistonné. Enfin si, en tant que prof de techno dans un collège mais mauvais délire.

Trois semaines après mon inscription chez Paul, je reçois un appel pour un poste dans une entreprise fabriquant des machines de sablage et grenaillage pour l’aéronautique. Je suis pris presque avant même que l’entretien ne débute. Je ne suis resté qu’un mois et demi au chômage alors que je pensais faire au moins six mois.

Je suis dessinateur industriel dans cette entreprise Allemande d’une centaine de personnes (en France). Le poste est intéressant, les missions variées et responsabilités plutôt bonnes. J’étais en charge de concevoir les machines de sablage, d’abord de petites améliorations sur des projets existants puis des petites machines et enfin des plus grosses, avec robots et centrales de tri complètes.

Deux ans après mon arrivée, j’ai reçu un appel d’une entreprise du secteur (fabriquant de compresseurs) qui avait gardé un CV que j’avais envoyé en candidature spontanée à mon arrivée dans l’Yonne. Ils me proposaient un entretien que j’ai accepté car je commençais à me rendre compte des dérives de l’entreprise et du manque de reconnaissance de mon travail et de mon niveau d’études. Mon objectif était d’abord d’augmenter ma paie et ma reconnaissance dans mon entreprise actuelle en me servant de cette opportunité. Et puis ça ne s’est pas passé comme prévu, le patron de l’entreprise me courtisant m’a convaincu de les rejoindre. J’ai troqué l’aéronautique contre les compresseurs.

Dans cette nouvelle entreprise, familiale, comptant environ 200 personnes, je travaillais, toujours en tant que dessinateur industriel, sur la conception de projets spéciaux et prototypes de générateurs d’azote pour une application vinicole et viticole. Je travaillais en très bonne synergie avec un technico-commercial qui me rapportait toujours des projets intéressants sur lesquels travailler. Prenant de l’assurance, j’ai négocié mon salaire à la hausse auprès du patron de l’entreprise en prouvant ma valeur.

Cependant, un an et demi après mon arrivée, à bout de force par rapport aux pressions et entraves de la direction, le technico-commercial, avec qui je travaille, claque la porte de l’entreprise et part travailler pour une très petite entreprise n’ayant rien à voir. Je suis redirigé sur un autre secteur de l’entreprise, tout aussi intéressant et avec beaucoup plus de challenges.

Quelques semaines après son départ, ce technico-commercial, avec qui j’ai gardé contact, m’appelle et m’explique qu’il y a un poste de responsable commercial pour la partie USA qui se libère et il me demande si je suis intéressé. Il me connait, il connait mon niveau d’Anglais, c’est pourquoi il me propose le poste.

Intrigué mais aussi apeuré, j’accepte d’en parler. On se voit plusieurs fois, et je fini par accepter la proposition d‘embauche. Je troque les compresseurs contre le mobilier de laboratoire, cette fois en tant que responsable commercial. Nous sommes à peine vingt employés.

 

Comment se déroule le quotidien de responsable commercial ? Quelles sont tes missions principales ? Sur quels types de projets travailles-tu ?

Mon quotidien consiste à répondre aux demandes entrantes par mail ou téléphone, demandes de renseignements, demandes de devis, etc. Je propose une solution à chaque client nous contactant. Je conseille aussi le client sur le produit le plus adapté à son besoin.

Il m’arrive souvent de passer des coups de téléphone à des clients situés aux États-Unis voire même régulièrement de réaliser des conférences via Teams ou Zoom. Je ne vais pas vous mentir que les premiers appels téléphoniques ont été très laborieux, le stress me déstabilisant. Avec le temps et l’expérience, ça se passe mieux !

Une autre partie de mes missions est les salons professionnels. Je suis amené à voyager régulièrement aux États-Unis pour présenter nos produits et démarcher de nouveaux clients. Je suis allé à Los Angeles, Minneapolis et mes prochains déplacement sont à Houston et Cleveland.

 

Et plus tard, tu te vois où ?

Je n’en ai aucune idée. Je connais le chemin que j’emprunte actuellement, je ne connais pas encore les carrefours que je vais rencontrer. Je ne me refuse pas d’emprunter une voie différente même si celle-ci commence par un obstacle réputé infranchissable… par ceux qui n’ont jamais tenté de le franchir !

Finalement, ce sont mes valeurs personnelles qui me guident sur un chemin plutôt qu’un autre. Mon vécu m’aidant à franchir les obstacles.

As-tu un conseil à donner aux jeunes et moins jeunes qui cherchent leur chemin ?

Continuez de chercher ! Si vous cherchez encore votre chemin c’est que vous ne l’avez pas encore trouvé. Tendez une oreille à ce que les anciens vous disent, servez vous de leurs expériences pour essayer d’anticiper vos futures erreurs.

Vous serez toujours sur le bon chemin si vous faites en sorte que votre métier ait du sens pour vous. Qu’il vous plaise mais qu’il ait du sens !

Prenez le chemin qui vous intéresse mais pas celui dont on dit qu’il est intéressant pour vous !

Et parfois, ce chemin n’existe pas, à soi-même de le créer !

 

Si vous souhaitez entrer en contact avec Tristan Voillequin, voici son Linked-In :

https://www.linkedin.com/in/tristan-voillequin-7a39711a2/

Articles pouvant également vous intéresser